Victoria Bouglione

Nos médailles, ce sont les applaudissements du public

Enfant de la balle, la fille de Sandrine et Thierry Bouglione, excelle dans un numéro de hula hoop. La maîtrise de cet art requiert du talent mais une hygiène de vie faite de rigueur et d’abnégation. Victoria révèle combien le sport est fondateur de toute discipline circassienne pour se hisser au top niveau. Comme une championne !

Un membre de la famille Bouglione a-t-il jamais songé à embrasser une carrière « normale » ?

Rarement ! Je ne déroge pas à la tradition. J’ai toujours voulu faire du cirque même si, petite, je ne savais pas encore dans quelle discipline je me lancerais.

Le sport occupe une place primordiale dans votre parcours d’artiste !

C’est vrai ! Très jeune, mes parents m’ont inscrite à des cours de danse. J’ai également pris des cours d’acrobatie pour acquérir un bagage complet et être, plus tard, en mesure de choisir ce qui m’attire vraiment. À l’adolescence, j’ai définitivement opté pour la danse. Et quand j’ai décidé de créer mon propre numéro, le cerceau s’est imposé comme une évidence !

Avoir pratiqué des activités sportives est une valeur ajoutée, selon vous ?

Indéniablement. En plus de la danse, je fais du vélo, du cross-fit…

On peut toujours présenter un numéro de hula hoop sans avoir pratiqué aucun sport, mais ça se voit et ça fait toute la différence.

Rappelez-nous en quoi consiste votre entraînement !

Il faut savoir que mon numéro est super cardio ! Cela implique que je fréquente la salle de sport cinq fois par semaine pour entretenir la forme et garder le souffle, surtout ! Si je ne m’imposais pas cette routine, je serais en souffrance à la fin de mon numéro avec un point de côté à la clé dont il serait difficile de me débarrasser. Pour que ce numéro soit abouti, il m’a fallu un an de préparation pour mettre bout à bout mes compétences de danse, en harmonie avec la musique, la chorégraphie et la pratique du cerceau. En outre, j’ai eu la chance de pouvoir répéter dans d’excellentes conditions au Cirque d’hiver, ce qui est une vraie chance car je connais l’espace, la hauteur, les distances, le timing pour me déplacer, attraper les cerceaux, en tenant compte de la présence du public presque à 360°. Pas besoin de m’adapter à un autre lieu une fois les repét’ terminées, comme c’est le cas quand je joue dans un cabaret, par exemple. Je gagne un temps précieux !

Comme les grands champions, vous observez une hygiène de vie drastique !

Je ne bois pas et je ne fume pas ! Après, on a le droit de s’amuser, mais aller en discothèque, ce n’est pas trop mon mode de vie. Donc, cela ne prive pas. Je ne m’interdis pas de sortir avec mes copines, de privilégier les moments festifs en famille ; il faut avoir une vie à côté sinon, on devient fou à rester focus sur sa prestation !

Pour ce qui est du régime alimentaire, je fais attention à ce que je mange. Mais quand je vais au restaurant, je ne commande pas forcément une salade. Et puis, la salle de sports n’est jamais loin !

Regrettez-vous parfois toutes ces sacrifices ?

Non, je ne le vis pas du tout comme ça ! Pour moi, ce ne sont pas des privations mais un plaisir. Un privilège. Une chance. Quand on vit de sa passion, on n’a pas l’impression de travailler un seul jour de sa vie.

Diriez-vous que la vie des athlètes est comparable à celle des artistes de cirque ?

Ah ! Oui, je la compare totalement. Comme eux, il nous faut entretenir une forme optimale, ne pas nous blesser… Déjà, à mon niveau, je le constate. Ne parlons pas des trapézistes ou de Natalia, ma belle-sœur, aux sangles aériennes ! Ce type de numéros exigent une préparation digne des plus prestigieuses compétitions. Nos performances doivent être au top, comme aux JO !

Les grands champions se dépassent pour monter sur les 3 premières marches du podium. Et vous, qu’est-ce qui vous motive ?

C’est vrai, nous avons beaucoup en commun avec les athlètes ; nous aimons relever des défis, nous sommes des compétiteurs, et réussir nous rend fiers. Nos médailles à nous, artistes de cirque, ce sont les applaudissements des spectateurs.