Thomas dit « Tad »

Mon job à moi, c’est le timing !

Lui, c’est Thomas, dit « Tad », le porteur de ces drôles de voltigeuses. Celui qui donne le tempo. Celui qui attrape ses partenaires dans les airs. Issu d’une famille non circassienne, il évoque sa vocation, son couple avec Isabel, à la piste comme à la ville, et sa présence au Cirque d’Hiver, « un rêve de longue date ! »

D’où venez-vous, Thomas  ?

De Boston, dans le Massachusetts, aux USA.

Vous êtes issu du milieu circassien !

Non. Mes parents, retraités aujourd’hui, étaient chercheurs. J’appartiens à la toute première génération d’artistes de cirque de ma famille !

Et elle a vu cette vocation d’un bon œil ?

Oui, ma famille a aussitôt été derrière moi. Mes parents se sont montrés compréhensifs ; ils ont été mes plus grands supporters, et ce, dès le début. Ils ont accepté mon choix.

Votre enfance a donc été rythmée par les entraînements !

L’année de mes 5 ans, j’ai commencé la gymnastique. Et très vite, j’ai enchaîné avec la compétition. Ma mère, voyant que tout ce qui touchait à l’acrobatie me plaisait, a cherché une école où l’on enseignait le trapèze. À cette époque, il s’agissait juste de prendre des cours après l’école. Et là, j’ai compris que la gym, ça suffisait. Ce n’était pas pour moi. J’avais déjà ma préférence, mais j’étais loin de m’imaginer que j’en ferais un jour mon métier.

Vous avez été coaché par une « pointure » !

C’est vrai. J’ai découvert cette discipline vers mes 12 ans avec un artiste de renom Tito Gaona. Je me suis entraîné avec ce trapéziste et j’ai eu aussi l’opportunité de travailler bon nombre de numéros de cette discipline dans différentes écoles de trapèze des États-Unis. Après 10 années passées à exécuter des numéros à un niveau que je qualifierais d’amateur, j’ai entamé une vie de pro à mes 22 ans !

Et vous êtes choisi par les Flying Tabares !

J’ai eu le privilège d’intégrer la troupe 5 ans plus tard. Cela fait maintenant 8 ans que je suis leur porteur. Pendant toute cette période, j’ai répété avec elle, ne comptant pas nos heures. Car cela prend du temps que se caler et de mettre au point le numéro tel qu’il va être présenté au Cirque d’Hiver Bouglione.

Que fait le porteur, précisément ?

Il porte, mais pas seulement ! Je me pends à l’envers sur une barre pour attraper les voltigeuses après qu’elles ont effectué une figure acrobatique depuis leur trapèze. Elles font des sauts et d’autres tours sur leur barre, et c’est mon job de m’assurer que le timing et mon swing sont impeccables pour que je puisse les attraper et les ramener à leur barre.

Quelles qualités requiert le métier de porteur ?
C’est un rôle très intéressant qui demande de la réactivité, du self-control et de la concentration.

Une journée typique de Tad, c’est comment ?

Je commence toujours par un bon café en compagnie d’Isabel, dite « Izzy »,  et de nos chiens que je vais promener sur la plage, si j’ai le temps. Le petit déjeuner est léger car n’est pas mon repas favori mais je déjeune bien ! En général, on assure jusqu’à trois shows par jour. Alors, il faut compter 2 heures d’entraînement quotidien. Après la dernière représentation, on dîne tard, vers minuit. Je ne suis pas très rigide sur le régime mais je veille à avoir plein de protéines dans mon assiette.

Être trapéziste, c’est beaucoup abnégation !

C’est un style de vie qui exige beaucoup. Il y a des sacrifices à consentir. Voyager de ville en ville vous éloigne forcément de vos familles et amis, monter et démonter le chapiteau, installer la piste quand vous faites du cirque traditionnel s’ajoute au reste, mais c’est le prix à payer pour exercer le métier que nous avons choisi et que nous aimons tant !

Côté régime, je ne m’impose pas de règles trop strictes. Comme ça, ça rend les choses moins difficiles ! J’avoue, que de temps en temps, je peux craquer pour un menu copieux et pas diététique du tout ou zapper un entraînement…

Ça ressemble tout de même à une vie de sportif de haut niveau  !

Nous avons beaucoup en commun, en effet. Nous nous entraînons toute notre vie pour être capables d’accomplir un numéro abouti. Comme les athlètes le font pour réussir des performances, atteindre des scores, dans leur sport de prédilection.

Les accidents, vous y songez ?

Faire du trapèze volant est toujours risqué. La discipline malmène nos corps, surtout ceux des voltigeurs. C’est très important de prendre cette éventualité en compte. C’est même sain d’y penser, cela nous évite de nous laisser aller et de commettre une erreur.

Est-ce plus facile ou plus difficile de travailler en couple sur la piste ?

J’adore travailler avec Isabel. On a de la chance de faire, tous les jours, ce qu’on aime tous les deux et de le faire ensemble. Et en plus, on découvre tant de pays en chœur. Parfois, il peut arriver que ce soit plus compliqué lorsque l’émotion s’en mêle. Quand un tour ou une figure ne fonctionne pas comme on aimerait, on est déstabilisé. Mais pour rien au monde, je ne voudrais que ça change !

Vous savez ce que votre discipline représente pour le Cirque d’Hiver !

Travailler dans un lieu pareil, chargé d’histoire, où le trapèze a été inventé, est l’un des plus grands honneurs que l’on puisse me faire ! Me produire au Cirque d’Hiver, j’en ai rêve de longue date. À vrai dire, le jour où je suis passé pro.

La pression est là !

Vous n’avez pas idée. D’ailleurs, je n’arrive toujours pas à y croire !