Sigrid La Chapelle
Le Cirque d’Hiver-Bouglione, c’est un ring !
Auteur, comédien, clown, metteur en scène, designer… Sigrid La Chapelle se réjouit de fouler à nouveau la piste du Cirque d’Hiver. Jouer dans ce lieu mythique a toujours été, pour lui, « une « consécration, une sorte d’Everest à franchir ». Et un lieu inspirant où tous les coups -de folie- sont permis et même recommandés !
Rappelons, pour ceux qui n’ont pas assisté à leur fulgurante ascension, comment est née cette appellation d’origine contrôlée de « mangeurs de lapin » ! Nous étions en train de répéter, se souvient Sigrid, et au cours de ce brainstorming, nous mangions du lapin que je cuisine toujours volontiers à l’occasion de repas entre copains. Notre nom -absurde- était tout trouvé et collait bien avec notre univers « décalé ».
Sigrid La Chapelle est un touche-à-tout surdoué et passionné. Et surtout insatiable. Cet homme-orchestre n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il tente de nouvelles aventures, aborde de nouvelles disciplines. Ainsi, il adapte et réinvente son métier pour que le trio atteigne la virtuosité et tutoie l’excellence. Avec ses acolytes, il jongle en permanence avec le cirque, le music-hall, le théâtre, certes, mais ajoute à la liste déjà longue de ses talents l’écriture « pour installer une dramaturgie », la mode et le design « pour la création des costumes », entre autres. Pas peu fier de souligner que ses costumières « travaillent pour des maisons de couture prestigieuses. Y a du niveau ! » Les Lapins, c’est une vraie machine de guerre ! Il faut savoir que derrière ce trio désopilant, que ce soit pour entrer en piste ou monter sur la scène d’un théâtre ou d’un cabaret, une vingtaine de personnes œuvrent en amont. « Chez les Lapins, il n’y a pas de vedette à titre personnel, c’est notre troupe qui effectue un travail collégial. Le chef, le sous-chef et le souffre-douleur sont incarnés à tour de rôle, précise Sigrid. Le conflit des personnages permet toutes les combinaisons. Sans parler des transitions poétiques calculées au millimètre et d’un tempo exigeant car toutes les 30 secondes, un rire doit résonner.
Et comme nous sommes tous les trois auteurs, c’est un vivier infini ! » Tout est possible et toujours recommencé… Alors, forcément, il s’éclate comme un gosse quand il s’agit de créer des iguanes géants pour une séance de dressage qui promet de rester dans les annales. « C’est Jean-Phi qui a eu l’idée de ces monstres verts, mais chuuut… »
Applaudir de nouveau les Lapins au Cirque d’hiver n’a donc rien d’étonnant. « Cela a toujours été une consécration, une sorte d’Everest à franchir. C’est très difficile de jouer au Cirque d’Hiver, confie Sigrid La Chapelle, il faut balancer une telle énergie ! C’est comme être sur un ring ! Mais, sur cette piste, nous avons trouvé notre famille et de la reconnaissance ! Le Graal semble atteint. Cependant, des rêves demeurent. « Un clown d’Or au Festival international du cirque de Monte Carlo, nous produire à Las Vegas… » . Et puis ce souhait tendre et plus intime. « Si, plus tard, mes petits-enfants se vantaient d’avoir eu un papy qui était clown au Cirque d’Hiver, ça ne me déplairait pas ».
Rire à l’hôpital, c’est vital !
Depuis 14 ans, Sigrid s’investit auprès de l’association Le Rire Médecin. Son art, son talent, son temps, il les met volontiers au service des petits malades hospitalisés. « Avec toujours l’enfant au centre de la relation qui s’établit. Très souvent, il s’approprie le rôle de metteur en scène et ce sont nous, les clowns, qui nous laissons diriger ». Vêtu du costume de Gérard Thorax, son personnage pour le Rire Médecin, Sigrid totalise 600 journées passées à l’hôpital à raison de 2 visites hebdomadaires en moyenne et 40 chambres visitées. Ce n’est pas seulement un engagement, une action sociale mais aussi une démarche artistique qui fait la part belle aux impros. S’il juge que cela représente « un training formidable », l’artiste ne cache pas non plus qu’il peut y avoir un effet boomerang. « Tu te fais cueillir et ça peut « cogner » fort, parfois ! »