Mariella

Je représente la 8e génération d’artistes de cirque de la famille

Je représente la 8e génération d’artistes de cirque de la famille

D’où venez-vous, Mariella  ?

Je suis née à Las Vegas, dans le Nevada, aux USA, mais mon père est argentin et ma mère hollandaise.

Vous, vous êtes issue du milieu circassien !

Oui, j’ai passé toute mon enfance à regarder mes parents faire du trapèze volant. Je savais que je voulais performer aussi ! Personne ne m’a influencée. On m’a toujours laissée libre de marcher dans les traces de mes parents et ainsi de rester dans le monde du cirque, ou de choisir un autre métier. Mes parents m’auraient soutenue, quel qu’ait été mon choix ! Je représente la 8e génération d’artistes de cirque de la famille !

Vous avez eu une enfance d’artiste !

Oui, j’ai suivi ma famille dans les tournées ; j’ai parcouru le monde au gré des engagements et des contrats. Comme au Festival International du Cirque de Monte Carlo où ils ont remporté le clown d’or… Mes parents ont fini par monter leur propre chapiteau. Petite, j’y ai appris la plupart des choses que je maîtrise aujourd’hui. En fait, nous étions tous ensemble, mes parents, mes sœurs et aussi mes cousins, oncles et tantes puisqu’ils étaient tous du métier. Mon père a grandi en présentant successivement différents numéros : le trapèze volant, bien sûr, mais le fil de fer à grande hauteur qu’il exécutait en famille. Son frère et lui avaient un numéro de double roue Cyr.

Ma mère, elle, a passé sa jeunesse avec sa grand-mère à Amsterdam où elle a étudié la danse dans une académie. Elle a rejoint ses parents au cirque à l’âge de 10 ans et faisait partie d’un numéro de jonglage. Ensuite, elle a rencontré mon père et ils ont développé un numéro de trapèze volant pour pouvoir être ensemble !

Vous êtes bien entourée !

Je suis reconnaissante à mes parents de m’avoir donné une bonne éducation ; ils étaient stricts sur l’école. Il y avait toujours quelqu’un pour nous faire la classe au cirque et après, j’ai pris des cours en ligne. Ils m’ont offert des cours de gym, de danse, pour être prête sans jamais me pousser. Ils m’ont prodigué de bons conseils, avec honnêteté, sans me cacher les difficultés. Grâce à eux, j’ai eu accès aux bons accessoires, aux bons profs, pour m’entraîner dans d’excellentes conditions. Je me suis fait plein d’amis dans les tournées et j’ai la chance d’avoir un mari trapèziste que j’ai rencontré au Portugal en 2016. On est toujours là l’un pour l’autre.

Le trapèze, c’est vraiment une passion !

Oui, même si j’ai exécuté un numéro d’équilibriste dans un trio, un autre de trampoline… J’ai aussi été danseuse.

Une journée typique de Mariella, c’est comment ?

Des répétitions, des entraînements, du stretching pour me mettre en route. J’essaie d’avaler des protéines au déjeuner. Rien de lourd avant une représentation, bien sûr, mais suffisamment pour ne pas ressentir de faiblesse. Voler, cela demande des forces ! Le soir, je m’octroie une douceur. J’adore le sucré. Pour résumer mon hygiène de vie, j’emploierais le mot « équilibré ». Je ne veux pas me priver car j’aime manger. Mais avec modération. J’observe le même dosage pour entretenir mon mental. Du travail mais aussi de la détente, de l’amusement.

Quelle qualité majeure faut-il pour cette discipline ?
Avoir une forte personnalité pour être en mesure de partager votre art ! Faire comprendre au public ce que vous souhaitez lui montrer. Et qu’il puisse lire la joie sur votre visage à la fin de la représentation.

Être trapéziste, c’est beaucoup abnégation !

Oui, on doit faire l’impasse sur les fêtes d’anniversaire, les mariages, les réunions de famille…. et on repousse les limites car on ne pense qu’à progresser. Il faut vraiment aimer ce que vous faites ! Ça a l’air facile et pourtant, ça ne l’est pas. C’est un challenge permanent. Côté technique, il faut avoir des pointes tendues impeccables, un maintien élégant, avoir de la prestance sur la piste… Quand j’ai un coup de fatigue, je me dis que j’ai une chance incroyable de présenter ce numéro que mon père a créé il y a 30 ans !

Ça ressemble à une vie de sportive de haut niveau  !

Mais ça l’est ! Nous sommes des athlètes de haut niveau ! Nous mettons nos corps à mal, nous les soumettons à un vrai stress. Nous consacrons nos vies entières à notre discipline. Non seulement, nous devons réussir des prouesses techniques mais il faut que ce soit artistique, et ce plusieurs fois par jour, parfois. Nous sommes pourtant humains et faillibles !

Les accidents, vous y songez ?

Oui, je pense que tout le monde a cette éventualité en tête mais ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Cela vous incite à vous concentrer pour votre propre sécurité et celle de vos partenaires et à ne pas négliger les étapes d’échauffement. Le meilleur moyen pour les éviter !

Vous savez ce que votre discipline représente pour le Cirque d’Hiver !

Oui. Tout le monde dans notre métier en est bien conscient. J’en ai toujours entendu parler ; chaque trapziste connaît l’histoire du Cirque d’Hiver qui a vu la discipline naître sur sa piste. Je savais qu’un jour, je ressentirais le besoin d’exécuter mon numéro sur cette piste ! Cela a toujours été un rêve de voler tout en haut de ce lieu chargé d’histoire. Tout portait à croire que, si cela arrivait, ce serait merveilleux.

Je me rappelle la première fois où j’ai regardé un de leurs spectacles. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer le public qui s’est succédé sur les gradins au fil des siècles. Je vous garantis que j’ai travaillé dur pour mériter ce lieu si prestigieux.

Alors, forcément, ça rajoute de la pression !

C’est vrai, mais je l’ai tout le temps car un artiste veut donner le meilleur où qu’il soit et quel que soit le nombre de spectateurs. Mais quand vous performez là où vous avez toujours rêvé de vous produire, c’est une autre forme de pression… plutôt positive ; cela veut dire que cela vous tient à cœur et que vous cherchez à bien faire.