Isabel

À 10 ans, j’étais sur la piste !

À 10 ans, j’étais sur la piste !

Où êtes-vous née, Isabel ?

À Boston, dans l’État du Massachusetts, aux USA.

Vous n’avez pas grandi dans le milieu circassien !

Non. Ma mère et mon père sont respectivement écrivain et ingénieur. Ça, c’est pour les boulots « sérieux ». Mais, parallèlement, maman était danseuse semi-professionnelle et papa nageur de haut niveau.

Des parcours qui vont ont inspirée !

Il faut croire que leur passion pour les arts et l’athlétisme m’ont menée tout droit au cirque car, à l’âge de 8 ans, j’ai commencé à m’entraîner de manière sérieuse, pour ne pas dire intensive. Et je me suis retrouvée sur la piste dès mes 10 ans !

Inutile de vous demander si vos parents vous ont soutenue !

Ils m’ont énormément encouragée pour que je puisse poursuivre dans cette voie et réaliser mon rêve. Ils n’hésitaient à avaler des kilomètres pour que je sois coachée par les meilleurs profs !

Votre enfance a dû être sacrément rythmée !

Oui. Elle a été placée sous le signe des entraînements ! J’ai fréquenté l’école comme toutes les petites filles, mais j’étais dispensée pendant quelques semaines dans l’année pour me produire sur la piste d’un cirque où il n’y avait que des enfants. C’était en général l’été pour manquer les cours le moins possible ! Tout au long de l’année scolaire, je consacrais mes week-ends à l’entraînement. J’avais des coachs russes qui me faisaient répéter. C’était intense ! Hormis ces séances, je faisais de danse et de la gym tous les autres jours de la semaine.

Vous présentiez quel numéro ?

Du main-à-main, du trapèze ballant, de l’aérien à une grande hauteur…  Mais j’ai tout de suite préféré le trapèze volant ! Cette discipline demande tellement de précision et requiert des entraînements solides et réguliers. De plus, cela exige de savoir travailler en groupe. Ce sont tous ces paramètres conjugués qui m’ont séduite.

Le trapèze volant, c’est vraiment l’histoire des Tabares !

Nelson et Katya Tabares, les parents de Mariella, ont créé le numéro avec d’autres membres de la famille. L’an dernier, nous avons décidé d’apporter un nouveau souffle à notre travail en imaginant un numéro 100% féminin, avec toutefois notre porteur ! Nous sommes sans cesse à la recherche de nouveaux trucs ; nous nous efforçons de nous améliorer, de nous réinventer…  En fait, s’entraîner, on adore !

Ça ressemble à quoi une journée type d’Isabel ?

Elle est ENTIÈREMENT dédiée au trapèze, aux exercices, aux répétitions. Et par dessus le marché, on fait presque tous de la gym tous les matins ! Quand nous sommes « chez nous », au Cirque Vegas en Californie, nous assurons 10 spectacles hebdomadaires et nous nous entraînons entre 4 et 6 jours par semaine.

Et côté régime, ça ne rigole pas !

Je veille simplement à manger beaucoup de fruits et de légumes et avoir mon quota de protéines maigres. Comme on en trouve dans le poulet, par exemple.

Vous vous autorisez quelques entorses ?

Oui, quand je voyage. J’aime bien goûter la cuisine locale. C’est un cadeau de la vie d’artistes d’avoir ce privilège. Mon dérapage favori ? Les croissants ! À Paris, ce sont les meilleurs au monde ! Je suis impatiente d’en déguster, mais je serai raisonnable !

Diriez-vous que ce métier exige beaucoup de vous ?

Indéniablement. Cela demande concentration, détermination, engagement total. Et si on a un peu de charisme, c’est pas plus mal ! Il y a tant de sacrifices à consentir à titre personnel. Je n’assiste que très rarement aux mariages, aux fêtes, aux enterrements, aux naissances… Tout se résume avec l’expression the show must go on. En revanche, il y a de belles récompenses : se produire sur les plus belles pistes/scènes du monde et connaître d’autres pays, d’autres cultures !

Avec ce rythme et cette hygiène de vie, vous auriez pu tout aussi bien être championne de haut niveau !

Mais nous sommes des athlètes de haut niveau. Nous avons les mêmes contraintes, les mêmes règles de vie. Comme eux, nous devons nous alimenter correctement, respecter des emplois du temps drastiques.

Les accidents, ça vous préoccupe ?

J’ai déjà été blessée un bon nombre de fois ! Je me suis cassé la jambe, ai été blessée à l’épaule… Oui, la peur fait partie de notre métier, mais cela nous rend tous encore plus concentrés.

Vous savez ce que le trapèze volant représente pour le Cirque d’Hiver ! Ça rajoute de la pression !

Et comment ! Et puis, je pense aussi au film Trapeze dont certaines scènes ont été tournées au Cirque d’Hiver. Exécuter notre numéro dans ce lieu a longtemps été un rêve pour moi. C’était un de mes vœux les plus chers, professionnellement. Si vous saviez comme j’ai hâte d’y être « pour de vrai » !